BIOGRAPHIE DE Tâ’â Sa’ah FOSSI Antoine,
VERITABLE CAS PRATIQUE POUR LES ’’JEUNES’’
EVOLUTION ET ACTIONS POSEES
- NAISSANCE DE FOSSI ANTOINE
Ce fût vers 1937 à Djiogué’eh, quartier du Groupement Bandjoun, ce dernier devenu à nos jours chef-lieu du département de Koung-khi dans la province de l’Ouest au Cameroun – et situé à 15 km de Bafoussam, capitale provinciale de l’Ouest Bamiléké.
Il ressort de la bibliothèque orale des FOSSI que son aïeul TAGNE TASSUEH basé à Bahouan, groupement voisin de celui de Bandjoun, donna naissance à KENTCHUM, chasseur et explorateur. Ce dernier s’installa à Bandjoun où il acquit un vaste domaine de plusieurs dizaines d’hectares qu’on ne pouvait à l’époque, mesurés qu’en levant la bouche et l’index droit. Eut égard à son dynamisme et son sens élevé de rassembleur d’hommes, le roi des Bandjoun intégra l’hôte membre de la cour royale. Pour témoigner sa reconnaissance au roi, KENTCHUM accepta héberger princes, reines et beaucoup d’autres bandjounais. C’est le cas de DJEMMO TAGUEM et la reine MEKIESSU, mère de KENGNE ancien combattant de guerre 1945 au côté de la France.
KENTCHUM eut beaucoup de femmes et d’enfants. L’un d’eux, FOSSI I lui succéda et donna aussi beaucoup d’enfants tels que : WAFO MEFO, Tagouon Pō. Le père WAFO, qui eut également beaucoup de femmes et d’enfants, fut aussi élevé grand notable à la cour du roi Bandjoun.
La succession de FOSSI I fut rude, très disputée entre ses enfants. Le roi saisi, consulte son conseil et tranche en faveur de WAFO. Après la mort de WAFO le 14 Avril 1959, son fils, qui n’était autre que FOSSI Antoine ou FOSSI II, auteur de ce livre déclina l’offre de succession que lui proposa la famille pendant longtemps, du fait de sa foi chrétienne, jusqu’au jour où les révérends pères et frères jésuites lui réitéraient que cette succession n’avait rien d’incompatible avec la vie religieuse. FOSSI II succéda.
Sa mère MAYO Alice, fille de So’oh BAT’AKOUTSI et de MANNESI était la première des femmes de son père et était originaire de Bamendjou, groupement situé de l’autre côté Bahouan et érigé en chef-lieu d’Arrondissement depuis des décennies. Elle avait huit enfants dont cinq vivants en cette année 2007 : MEFO –TOUKAM – MBEKO Jeanne – MAPE Françoise – FOAKUM Evariste – FOSSI Antoine – NOUMSI Pierre – KAMGA Laurene.
FOSSI Antoine perdit respectivement son père en 1959 et sa mère en 1985 (paix à leur âme).
2 – L’ENFANCE PRE-SCOLAIRE DE FOSSI ANTOINE
De l’époque des aïeux et de l’épilogue de la naissance de FOSSI Antoine, quel avenir s’en ait suivi ? De quelles couleurs ont été les vicissitudes qui ont marqué sa vie ?
Comme nous l’avons dit plus haut, la mère de FOSSI Antoine était originaire de Bamendjou où vécurent encore à sa naissance ses grands parents à savoir : papa So’oh BAT’AKOUTSI et grand-mère MANNESSI. En 1942 alors que le petit FOSSI n’avait à peine que cinq ans, sa grand-mère demanda qu’il vienne rester avec elle à Bamendjou, quartier NDAN. FOSSI y trouva les enfants de son âge avec lesquels un groupe de petits copains fut vite constitué.
Pendant la journée, la vie du groupe se limitait à des randonnées à travers une vaste concession pleine d’arbres fruitiers qui offraient des repas providentiels tout le long des sanctuaires invisibles. L’évasion, pour ne pas dire la perdition durait tellement que les familles furent obligées d’aller à la recherche de leurs enfants perdus dans une aventure insensée et inconsciente.
Finie la journée à travers les champs.
De retour à la maison, une autre page de notre histoire commença, déclara FOSSI …… Etant donné la situation polygame de son grand-père, il y avait de nombreuses femmes dans la concession, chacune ayant sa maison personnelle où elle vit avec ses enfants. Pour ne pas avoir à marcher dans la nuit noire, faute d’électricité, chaque enfant du petit groupe voulait inviter les autres chez lui. L’attitude de MANNESSI, grand-mère de FOSSI qui offrait beaucoup à manger aux enfants, fit la balance en sa faveur car chaque enfant aimait aller chez elle. C’était une grand-mère admirable, aimant les enfants, exigeante, rigoureuse, sévère mais consolable, quoi qu’illettrée, elle était d’une sagesse à partager.
Jusqu’à une heure tardive, autour du feu de bois (il fait froid dans cette région) chacun voulait raconter les péripéties du long voyage (sur place) de la journée. Des sainettes, des devinettes, raconter une fable, une histoire, inventer des proverbes à découvrir, animaient la soirée. La grand-mère qui somnolait déjà priait les enfants d’aller dormir. Souvent, on dormait à même le sol.
Le lendemain, au moment où FOSSI voulait déjà rejoindre son groupe, il fut invité par sa grand-mère à l’accompagner aux champs. Ce fut une autre expérience qui, comme les randonnées précédentes, avait marqué le séjour de petit FOSSI durant trois ans chez sa grand-mère. Pendant la saison sèche, on préparait le sol pour les semailles qui eurent lieu peu avant le début de la saison des pluies. C’est par la récolte du maïs et des arachides que finit la saison des pluies alors que la saison sèche fut celle de la récolte des ignames, des macabos, des patates précédant la préparation de semailles.
En 1945, TETA Philippe, le frère consanguin de petit FOSSI alla le chercher à Bamendjou pour le ramener à Bandjoun, où un généreux grand garçon du quartier, KAMGA Joseph, surnommé « le long », fils de mamie GOUOKGUEM. Il prit l’initiative de faire connaître la mission catholique au petit FOSSI âgé de huit ans, l’inscrit à la mission catholique de Pète, juste à deux kilomètres de Djioguéh, quartier de résidence familiale à Bandjoun.
A noter qu’au village, à cette époque là, on devait être assez grand, capable de faire des travaux manuels à l’école avant d’y aller, surtout tout seul. Une nouvelle page s’ouvre encore dans la vie de petit FOSSI. Adieu les grandes randonnées et l’évasion champêtre quotidienne sous la chaleureuse tendresse de la grand-mère à Bamendjou – et vive la prochaine rentrée scolaire.
3 – FOSSI ANTOINE - EN ROUTE POUR L’ECOLE
Tel que nous vous l’avons signalé plus haut, le nommé TETA Philippe qui n’est autre que le grand frère consanguin de petit FOSSI, ramena ce dernier de Bamendjou en 1945 sous le regard peiné de sa grand-mère et, Monsieur KAMGA Joseph « le long » le fit inscrire à la SIL (Section d’Initiative à la Lecture). En ce matin mémorable, KAMGA « le long » entra chez nous. Ma mère et ma grande sœur MAPE Françoise avaient préparé tôt le matin cet évènement. Aller vers l’inconnu de leur rejeton ! Torse nu, billard autour des reins, pieds nus, petit sac en raphia contenant pour provisions de la journée quelques boules de pilée de macabo et haricot, reste de repas de la veille et, le voilà trottinant derrière son providentiel tuteur vers l’inconnu. Jusqu’à ce qu’il obtienne son C.E.P.E (Certificat d’Etude Primaire Elémentaire) en 1952, le petit FOSSI a connu de 1945 à 1952, l’un des temps riches de sa vie caractérisé par trois centres d’intérêts : l’Ecole et son univers humain, la parascolaire et les activités socioculturelles.
3.1 L’Ecole et ses hommes
Des plus proches aux plus éloignés, l’univers scolaire de FOSSI Antoine se composait des maîtres, des camarades, des tuteurs et du corps religieux d’encadrement (les parents se retrouvant plutôt dans le secteur « vie parascolaire ».
3.1.1 – Les maîtres
L’élève attentif connaît les maîtres de son école. S’il les ignore, même le respect qu’il leur doit peut être lettre morte ; et s’il en est ainsi, l’ambiance relationnelle qui doit générer la sérénité sans laquelle la transmission des connaissances n’est pas bonne, serait absente. C’est pour répondre au besoin de cette cause digne d’intérêt pédagogique que FOSSI Antoine nous présente la liste nominative de ses maîtres, de la S.I.L au CM2 durant sept ans et même au-delà.
SIL et C.P.I: M. BOPDA Thomas - C.P.2 : M. FINCHOU Paul.
C.E.1 et 2 : M. NGOUNOU Louis Paul - C.M.1 et 2 : M. FOTSO Ernest dit Sa’ah wagape ; le plus intègre, un ancien de Makak, Sociologue Pédagogue, doué d’expériences, de visions futuristes.
Etudes Supérieures : les professeurs : EYENGUE Conrad - NIBA François
Etudes par correspondances : Ecoles supérieures de commerce : LONG-LE-SAUMIER FRANCE.
Face aux instituteurs, il y a des élèves et entre les élèves, il y a des amis. C’est ainsi qu’il ressort des camarades de FOSSI Antoine quelques amis marquants, de vrais dont la mémoire ne cesse de visionner tout au long de la vie.
3.1.2 –Les amis au sein des camarades de FOSSI Antoine
Comme il en est dans la vie en société, les relations de sympathie allaient bon train qui formèrent un groupe d’amis autour de FOSSI Antoine. Sans être exhaustif, il s’agissait de :
FOSSI Valentin - TAMOUFE André- l’Evêque SIMO Gabriel- Sœur Thérèse Odile-GUIFO
Jean - TEGUE Luc - WAFO Antoine - BOPDA Gabriel - FOADING Justin - TOKAM André
FOKOUE Jean de Bamendjou - KENGNE Paul - TUAM Philippe - CHOUPO Michel
DEFO Chrétien - KAMGA Chrétien - KAMDEM Jean de Baham.
Chaque élève se rattachait à un ou plusieurs tuteurs pour évoluer, en bénéficiant d’un certain nombre de concours divers : conseils – assistance.
3.1.3 – Les tuteurs de FOSSI Antoine
- Messieurs :
-KAMGA Joseph ‘’Le Long’’, qui habitait le quartier Djioguéh comme lui et qui le soutenait à l’aller et au retour de l’école depuis son inscription en 1945 jusqu’au moment où il trouvait un tuteur à Pète, Monsieur TAMGNO Médard, le tout premier chez qui, FOSSI vécu jusqu’au départ de celui-ci pour la société TOWAF à Mbalmayo.
-DZUMAFO Sylvestre, maître de ghoma la’ prit le relais du suscité, où FOSSI Antoine se retrouva avec son permanent et inséparable ami l’honorable FOSSI Valentin avec qui, il partageait le même lit, le même soutien, la même amitié jusqu’aujourd’hui.
-FOTSO Ernest : c’est chez lui que FOSSI passa son CEPE en 1952. Il y vécut avec KAMDOM Marcelline et le petit frère de FOTSO qui s’appelait WAFO Jean le seul qui tenait tête à FOTSO Ernest son grand frère. - KAMDEM Gabriel, professeur – Monsieur FOTSO Pascal.
-TOTOUOM Christian, le grand catéchiste du temps, père de KAMOLE Joseph, BOPDA Gabriel. Il m’avait autorisé à monter une bâtisse à deux pièces collée à la cuisine de sa femme, la généreuse mami Elodia, pour usage d’habitation en 1953, déclare FOSSI Antoine.
- GOUNLEPUE Gabriel Père de l’actuel Président Directeur Général des Brasseries du Cameroun. Ce Papa, un homme affable, humble, généreux, lui avait confié la charge des cours de répétition à certains de ses enfants. Il était l’un de ces hommes qui voient loin. Il avait la vision de l’avenir et en prodiguait à ses proches. C’est de lui que FOSSI eu sa première cravate et beaucoup de conseils.
Avant de parler du tronc et de ses feuilles, parlons tout d’abord des racines. Sinon comment parler de la mission de l’école chrétienne sans faire mention des responsables religieux qui assuraient l’administration ?
Fidèle à la maîtrise de son milieu, FOSSI Antoine ne limitait pas sa vie au milieu laïc. Il connaissait et vivait avec la plupart des membres du clergé : Mess Boy (enfant de cœur), il jouissait d’une bonne estime de tous.
3.1.4 – Le corps Religieux
Ce corps comprenait notamment :
1- Monseigneur BOUQUE, un homme de taille moyenne, noble, élégant dans sa tenue épiscopale, avec son prestigieux véhicule marque chambord. Il résidait à Nkongsamba, chef lieu du Département du Moungo, une autre région de l’époque mais dont l’autorité ecclésiastique s’étendait jusqu’à DSCHANG.
2-Les révérends pères : SCHWAP (Curé de la Mission) - Louis NATTAL, l’italien
3-Les français : GUESLER- HOPE – GODEAU - Abbé NGANGOU Bernard
4-Les frères canadiens des écoles chrétiennes : HUBERT et ODILON
Un Abbé de ce diocèse chargé des dossiers du Concours d’Entrée en 6ème gâcha la fin des études primaires de FOSSI en créant une affaire sans précédent que nous a contée FOSSI Antoine : la virgule.
3.1.5 – L’affaire d’une virgule du rigoureux chargé des études
Dans une épreuve de présélection destinée aux candidats du Concours d’Entrée en 6ème dont le chargé avait la mission, FOSSI Antoine n’avait pas mis une virgule après un mot, dans une phrase qui n’était pas achevée.
Et le sélectionneur, rejeta son dossier… Les Responsables de l’Association des Parents d’Elèves dont TOTOUOM Chrétien, DZUMAFO Sylvestre, TAFO Joseph ancien conducteur de train, père de l’enseignant de langue ghomala Sofo TAMOUFE André, tentèrent en vain de convaincre ce dernier qui resta intransigeant. Tous les camarades de FOSSI dont les dossiers étaient envoyés, réussirent et furent admis, les uns au lycée Leclerc de Yaoundé, les autres au Collège Saint Jean de Mbanga où au Lycée de Dschang. L’Abbé était, certes, un homme intègre, rigoureux, mais toutes ces qualités étaient allées au-delà car on ne tue pas une mouche qui est sur le front d’un enfant avec un marteau. Son acte était fort et disproportionné. Il lui fallait appliquer une punition égale à la faute. Voici un fait presque similaire à la virgule 60 ans après : un « L » oublié. Le 02 Février 2008, la SGS du Japon annule l’embarquement des contenairs des produits au port de Yokohama vers le Cameroun parce que la L/C (lettre de crédit) mentionne « AUZINC» au lieu de « ALUZINC». Imaginer le manque à gagner de la société importatrice ! !
C’est alors que le Curé de la Mission, le Père SCHWAP appela FOSSI, lui demanda s’il n’aimerait pas devenir Instituteur et FOSSI accepta.
Mais avant de revenir sur la nouvelle vie d’Enseignant de FOSSI Antoine, voyons tout d’abord comment conjuguait-il l’école et le reste…
3.2 La dynamique parascolaire de FOSSI Antoine
La sémantique de ce sous titre prend son essence de la vie scolaire en campagne où aucun enfant n’est en marge du mouvement d’ensemble qui est d’aller à l’école les jours appropriés et aux champs, à l’artisanat ou au marché les autres jours.
Pour les garçons, l’initiation à toutes ces activités est sous la responsabilité de leur père – et pour les filles, leur mère. FOSSI Antoine a connu deux types d’exercice dans ses activités parascolaires ; d’abord celles qui s’exercent sous les ordres de son père jusqu’à un certain âge et en fonction aussi de la disponibilité réelle de l’enfant par rapport aux exigences scolaires d’une part – et ses initiatives personnelles d’autre part.
3.2.1 Droit parental et obligation scolaire devant FOSSI Antoine
Beaucoup de parents en cette époque-là ne saisissaient pas l’intérêt d’aller à l’école à sa juste dimension. A cet égard, FOSSI Antoine avait une chance à exploiter – encore que lui-même, Dieu seul sait si l’école l’intéressait vraiment ou au contraire, il embrassait le bonheur par contrainte ou par pur effet du hasard. Cette chance est que KAMGA Joseph suscité, avait donné le ton et son père et sa mère l’avaient adopté. Il n’y avait donc pas à perturber d’aucune façon les études de FOSSI Antoine à contrecoeur.
Nous avons dit plus haut que la concession du père de FOSSI atteignait des dizaines d’hectares. Pour la délimiter, il fallait la borner d’une interminable haie de piquets et de bambous. Avec le temps, cette haie se détériorait et, une fois par an avant les semailles, il fallait la réfectionner. Ce fut habituellement de Décembre à Février, c'est-à-dire au cœur de la saison sèche et à l’aube des petites pluies de semailles. Il faut partir assez tôt de la maison, portant lianes, bambous, piquets et même de l’eau pour planter facilement les piquets dans le sol dur de la saison sèche.
La fertilité du champ était parfaite. Les hommes comme les animaux y trouvaient leur compte. Ramener dans la cour du père tous les soirs, le bétail : moutons et chèvres devaient avoir de quoi brouter toue la nuit. C’est ainsi que FOSSI n’avait pas de peine à trouver herbes et autres feuilles de toute nature à couper çà et là pour servir aux porcs, chèvres, moutons qui faisaient partie de l’élevage de son père. Chacune des femmes de son père et son père lui-même avaient un porc à nourrir. De nombreux arbres fruitiers et même une colonie des produits vivriers venaient assaisonner ce paradis où il faisait beau vivre.
En matière artisanale, FOSSI tissait les sacs en raphia que son père lui avait appris et assistait ce dernier au tissage des pagnes traditionnels (ndze-ndouop) destinés à de multiples fonctions traditionnelles, tissus qu’il fallait aller teindre au Nord cameroun. L’élevage, l’agriculture et l’artisanat ne servaient pas seulement à l’autoconsommation, mais aussi à procurer des ressources financières. A cette fin, le père WAFO Téchopdjié ne ratait aucun jour du marché ; il y en avait deux fois par semaine de 08 jours : Ndze-dze et Dzemto’oh.
3.2.2 Le concours de petit FOSSI dans les affaires commerciales et traditionnelles de son père
Le souci des transactions commerciales était tellement ancré dans la sociologie Bamiléké qu’il n’y avait pas classe le jour du grand marché de Dze-dze. Vous voyez qu’en dehors de samedi et de dimanche, un troisième jour venait réduire le calendrier scolaire à 4/7 par semaine. Mais les enseignants savaient prendre cette considération en compte de sorte qu’il n’y avait pas de défection dans la performance des enfants dont les résultats 100 %aux examens d’entrée en 6ème et CEPE furent de règle.
C’est dans cette atmosphère que le père de FOSSI Antoine tablait les programmes de fréquentation des marchés sur lui qui devait conduire, le matin tantôt une chèvre, un mouton ou un cochon. Mais le père WAFO Téchopjié n’avait pas que les animaux à vendre ; s’y interférèrent de temps en temps des produits agricoles comme des régimes de plantains ou des corbeilles d’ignames (ce sont les femmes qui avaient la charge de ces dernières) ; il s’agissait pour ces produits des excédents de consommation familiale dont les produits de la vente devraient servir à l’achat de ce qui nous manquait (savons, vêtements, fournitures scolaires, huile de palme, sel, pétrole, allumettes, etc…).
Comme si tout ce qui précède ne suffisait pas à meubler une journée commerciale du père WAFO Téchopjié, il s’en débarrassait vite de ses ventes pour s’occuper de celles des autres, sous l’œil attentif de petit FOSSI. Il se faisait courtier. Cette deuxième activité consistait à se muter en Commissaire. A ce titre, il cible, à l’entrée du marché, certains porcs et chèvres dont il négociait les prix avec les vendeurs et se chargeait de les placer. On isola ces animaux dans un coin sous la garde de FOSSI Antoine et de leurs propriétaires.
Après un tour du marché, le père WAFO revenait, accompagné de quelques acheteurs potentiels pour apprécier de près les marchandises… Puis, ils repartirent ensemble. Quelques temps après, le père WAFO revint avec une seule personne à qui on remettait la bête dès que le prix fut versé au propriétaire. Et les scènes de ce genre se multiplièrent jusqu’à quinze heures par là. Les commissions perçues des transactions étaient de fois substantielles, confortables.
Peu avant la fin du marché, le père WAFO orienta le petit FOSSI vers un coin où il avait attaché quelques chevreaux et porcins achetés dont l’élevage permettra de remplacer les bêtes vendues. Le convoi se fit alors en toute quiétude jusqu’à la maison. Quand le père WAFO ne sollicitait pas le concours de petit FOSSI, ce dernier allait au marché de son propre compte. Mais avant d’ouvrir cet autre dossier personnel de FOSSI Antoine, terminons l’assistance de son père par ce conte d’ordre traditionnel qu’il nous a fait :
« C’était une fierté pour lui de vanter avoir accompagné fait son père quand il devait se rendre à la chefferie de Bandjoun pour des activités traditionnelles, surtout, le jour de la renommée danse de « TSO’O » réservée à une catégorie de notables de la cour du roi. Il devait porter sur la tête depuis la maison jusqu’à la chefferie, en aller et retour à pied, de lourds ornements et ces tenues traditionnelles pour la danse »….
Maintenant, hors du sceau de son père, comment fonctionna l’univers parascolaire de FOSSI ???
3.2.3 Le jeune FOSSI et ses appétits de liberté d’activités parascolaires
Ces activités quoi que moins intenses par rapport à celles sous son père, FOSSI n’a pas échappé à la curiosité de créativité d’enfance éveillée. C’est ainsi qu’il fabriquait des tabourets en bambou et les sacs d’écolier en fibres de raphia qu’il revendait aussi bien dans son quartier qu’au village, au marché et en recevait commande de ses camarades d’école. Son grand frère FOAKUM Evariste de Loum, dans le Moungo où il était, lui adressait encouragements et félicitations.
Ses sœurs aînées, notamment MBEKO Jeanne et Françoise MAPE, sa maman MAYO Alice, son grand frère consanguin TETA Philippe et bien d’autres appréciaient son travail, surtout quand il en ramenait les recettes à la maison. Il faisait la fierté de la famille.
Au niveau de l’école, FOSSI s’organisait avec quelques amis, dès la veille, pour aller au marché le lendemain. A mi-chemin, au lieu dit « cheguenom », il y avait une pente raide où les
commerçants devaient descendre de leur vélo avant de pousser ce dernier lourdement chargé. FOSSI aidait ces commerçants à pousser leurs vélos chargés jusqu’à l’entrée du marché où, l’on lui remet quelques centimes de monnaie en signe de reconnaissance – ce qui le motivait à reprendre plusieurs fois de ce service avant de faire lui-même son marché. Certains commerçants comme papa GUONLEPUEU Gabriel, le motivait mieux.
Tel que nous l’avons annoncé à la rubrique « 3.1.4 le corps religieux» précitée, l’Abbé par son refus d’envoyer le dossier de FOSSI Antoine pour le concours d’entrée en 6ème l’empêcha ipso facto de continuer ses études au Département de Bandjoun.
Pour consoler FOSSI Antoine, le curé le Pète, père SCHWAP lui avait proposé d’être enseignant et il répondit favorablement.
4. LA PRECOCE ENTREE DANS LA VIE ACTIVE DE FOSSI
Dès la rentrée scolaire 1952 – 1954, l’on lui confia les cours CP1 et CP2 – et en même temps d’enseigner les chants à tous les élèves réunis dans une seule classe choisie pour la circonstance. Les données de la vie s’inversèrent pour FOSSI, passa de l’élève en 1951 – 1952 au maître enseignant. Il avait, dit –il, à tenir un cahier de préparations à présenter au Frère directeur avant les classes, matière par matière. Il fut encouragé par de bonnes appréciations que mettait le Frère Directeur sur son cahier de préparation.
Après deux années de Pète, le voici affecté à la Mission Catholique de Hock, située à quelques kilomètres de Pète sous la direction du canadien Frère Hubert qui était chargé de toutes les écoles. C’était répète FOSSI un homme affable, généreux, bon pédagogue, sévère, méthodique, ordonné, vraiment atypique. Dès le début de la prise de service de FOSSI, il lui avait offert deux livres : Du mot à la phrase et un livre de grammaire : Larive et le Fleuve.
Le Directeur absent était remplacé par Monsieur TAPTUE Eutrope : Ce dernier était un homme de petite taille, très intelligent, très autoritaire, très craint des élèves car, il ne pardonnait aucune erreur ! Il riait peu, il punissait. Il tenait le CM2 à Hock. On s’entendait bien. Il aimait les chants et, le comportement de FOSSI.
Entre parents d’élèves et enseignants, il y avait harmonie et entente. De temps en temps, FOSSI était individuellement invité par les parents d’élèves et ne rentrait pas vide : Certains multipliaient la fréquence des invitations tels :
WAFO TUETO le chef, le notable DZUFE, le catéchiste de Hock, Monsieur Domnium François père de HAPPI Gaston, SIAKA Michel, professeur à Douala. Tous manifestaient à son égard une grande affection qu’il maintenait sérieusement.
Il faisait beau vivre à Hock. La sympathie entre les instituteurs était de règle. Les parents d’élèves n’étaient pas en reste : nous les exhortions à envoyer filles et garçons à l’école. Il nous arrivait de parfois de le leur imposer. Ils nous offraient œufs, prunes, coqs et autres. Un autre parent Monsieur Jean TCHUMMO, un boucher se distingua en donnant même de la viande les jours du marché. Hock était merveilleux !! Inoubliable !!
Au départ, comme FOSSI n’avait pas encore trouvé un logement à Hock, il continuait à rester à Pète et faisait un va – et – vient chaque jour, dressé sur sa superbe bicyclette de marque Rudge scintillante neuve. Comment FOSSI résolve t – il son problème de 20 km qui séparait Pète et Hock ?
4.1 Résolution du problème de transport entre Pète et Hock
C’est au cours des vacances salutaires que FOSSI passait à Douala, qu’un vélo lui fut vendu avec une réduction substantielle par Monsieur YOUEMTO Michel, riche commerçant beache à Douala. Ce bienfaiteur, hors pair, avait épousé la ravissante Dorothée MAGNE, fille de son hébergeant le catéchiste de Pète, en guise d’encouragement à un enseignant. Et le bonheur courait alors après FOSSI qui trouva également à la rentrée 1954 – 1955, un logement pour quelques mois à Hock, en attendant la fin des travaux de construction de sa maison qui permit à FOSSI d’être définitivement installé. Aussi hébergea- t – il quelques élèves, et quelques membres de famille : KAMGA OUAFO Laurent et bien d’autres. Un peu comme l’on lui faisait à Pète pendant qu’il était élève. Mais des difficultés infrastructurelles persistaient à l’époque.
4.2. Un manque d’électricité préjudiciable
A Hock, il n’y avait pas d’électricité. FOSSI avait une lampe à pétrole de marque Aïda. Avoir un tel moyen d’éclairage à l’époque ? Imaginez !!
L’allumage de cette lampe était très complexe : on sortit d’abord le verre, et on en effectua le nettoyage. Puis commença le montage du manchon à l’issue duquel il fallait replacer le verre. Enfin, après quelques coups de pompage de pétrole qui doit le faire monter au manchon, l’on craquait et passa une bûchette d’allumette sur ce manchon et la lumière jaillit.
Comme à Pète, FOSSI a continué avec l’enseignement des chants à Hock. C’était magnifique. L’ambiance était bonne.
4.3 La vocation choriste et chorégraphique de FOSSI Antoine
Des effets de FOSSI quand il partit de Pète pour Hock. Il en avait bien qui n’étaient pas visibles ; c’étaient les chants. Des dires de l’auteur, aucun élève ne voulait manquer la chorale. « Classe de chants ». FOSSI Antoine connaissait beaucoup de chansons qu’il enseignait avec passion et plaisir. Nous pouvons en relever quelques titres :
1. En classe, fuyons la paresse - 2. Quoi qu’il arrive- 3.Sonne le réveil, le soleil luit, la terre est belle – 4.Vivat vivat – St Père – 5.Catherine était chrétienne – 6.En passant par la Lorraine
7.La France est belle – 8.La séparation est souvent triste – 8.J’aime le son du cor, le soir au fond du bois – 9.Veni créator spiritus – 10.Pourquoi dès que le jour n’annonce – 11.Le Christ est vivant
12. Magnificat – 13.Tchiepo è, yawè – 14.O salutaris hostia – 15.Tantum ergo – 16.Hodie christus natus est - 17. Qu’ils sont heureux grand Dieu tes tabernacles ! …
L’omniprésence remarquable de FOSSI le fit retenir pour d’autres importantes cérémonies.
4.4 FOSSI à la tête du défilé du 14 Juillet
Le Cameroun étant sous le mandat français avant 1960, l’année de son indépendance, les fêtes nationales étaient françaises, dont la célébration du 14 Juillet. C’est FOSSI qui eut la lourde charge de conduire les élèves catholiques de Bandjoun à la fête à Bafoussam, la subdivision comme on l’appelait car la région administrative de l’Ouest avait pour chef-lieu Dschang à l’époque. Le 14 Juillet !! Une grande fête !! Fête de la mère patrie !! Une fête qui faisait frémir toutes les écoles de l’Ouest, toutes confessions confondues : catholiques, protestants, musulmans, laïcs, associations et organismes. Tous devaient préparer et assister à cette fête officielle, unique et annuelle où, compétitions et rivalités s’affrontaient.
En effet, toutes les écoles publiques et confessionnelles devaient être représentées au défilé du 14 Juillet à Bafoussam. Les chants et les jeux occupaient une place de choix aux cérémonies. FOSSI revoit et chante comme si c’était hier ce chant : ‘’N’entends – tu pas seul quelque fois …’’ de papa NJIPI David, l’homme au casque colonial couleur kaki, fier de lui-même.
Pour être à l’abri de tout retard éventuel le jour de fête, FOSSI et les autres assistants de l’expédition de Bafoussam, allèrent, la veille, dormir à la belle étoile dans la cour de la mission catholique de To’oleng, quartier de ladite ville. Il y faisait un froid de chien, froid de janvier, février en France.
Mais psychologiquement, FOSSI et autres ne le sentirent pas, envoûtés par la joie de défiler le lendemain devant le chef de subdivision, les autorités administratives et traditionnelles, les directeurs d’école, les invités et toute la foule de population de l’Ouest Cameroun.
Le chef de subdivision, ce français s’appelait Monsieur DE LAROSIER. Ce fut un galant, éloquent, de taille moyenne, bien bâti, doué au commandement. Il était tout de blanc vêtu et circulait en véhicule jeep 4 x 4 découvert. Nos élèves furent classés « premiers » et FOSSI aux anges était des invités à la résidence du chef de subdivision pour un pot d’honneur. Quelques mots d’encouragement, de félicitations à notre égard de la part du chef de région, des autorités administratives, des chefs traditionnels et de nos supérieurs, nous réconfortaient et cela nous allait droit au cœur.
Après Pète et Hock, la vie de l’instituteur FOSSI devait changer de cadre.
4.5 – Le nouveau cadre d’enseignant de FOSSI Antoine
Il eut l’occasion, à la mission catholique Saint Jean Bosco de Douala au cours des grandes vacances de 1956, à faire connaissance du Révérend père AIRIAUT qui le recruta pour l’école Notre-Dame, avec un salaire mensuel de 6.000 Francs CFA contre 2.000 Francs CFA à Bandjoun.
Ce fut une véritable révolution socioprofessionnelle pour FOSSI qui, ne s’en revenait pas … Pourtant, le sort avait fait du travail d’instituteur de FOSSI, un simple tremplin car, même à l’école Notre – Dame, il ne resta que deux années (1956 – 1958). Mais avant d’ouvrir la nouvelle page de la vie professionnelle de FOSSI Antoine, voyons succinctement quels ont étés ses principaux bienfaiteurs jusqu’à ce niveau.
4.6 – Les acteurs providentiels, bienfaiteurs de FOSSI Antoine qu’il se plaît à rappeler
Pendant treize ans (1945 – 1958), FOSSI a connu dans sa vie d’écolier à Pète, à Hock, à Notre –Dame de Douala, des relations variées sans lesquelles il ne serait pas ce qu’il fut avant de quitter l’enseignement en 1958. Voici, quelques bienfaiteurs qui, sans lesquels le doute que sa vie serait autrement et à qui, il adresse sa parfaite et sincère reconnaissance qui, ont le plus jalonné le sanctuaire à succès de FOSSI en dehors de sa famille :
- KAMGA Joseph, son voisin déjà cité u quartier Djioguéh qui guidait ses premiers pas
sur le chemin de l’école en prenant soin de rester à Pète (quartier où se trouvait l’école).
- TAMWO Médard, qui fut le premier à l’héberger à Pète.
- DZUMAFO Sylvestre qui l’accueillit chez lui quand papa TAMGNO déménageait pour la
société TOWAF à Mbalmayo, ancien groupe FOTSO Victor.
- DJYPI David, qui transportait gracieusement les élèves lors de la fête du 14 Juillet de
Bandjoun à Bafoussam.
- FOTSO Ernest dit Sa’ah Wagapâh pour les conseils précieux en éducation.
- Rév. Père SCHWAP, vrai forgeron à l’esprit endurant et au goût de l’effort – qui a
recruté FOSSI comme enseignant à la mission catholique de Pète.
- Le Frère Hubert, notre directeur d’école de qui, j’ai acquis l’aptitude de rassembleur
d’hommes et qui fit de FOSSI maître des chants.
- TOTOUOM Christian, le grand catéchiste et sa femme Elodia.
- Le Père HOPE qui m’avait baptisé le 15 Août 1945.
- FOTSO Victor dit Sa’ah Wagap bi Ngouong qui, me paya un ticket de transport de Mbalmayo à Bandjoun au cours d’un voyage de ces vacances scolaires.
- Le Roi de Bandjoun, KAMGA Joseph qui, en 1952, me paya le transport de Bandjoun à Douala en guise d’encouragement pour avoir animé avec éclat les élèves lors de la fête de Saint Joseph célébrée à la chefferie sous la direction de TOWA Luc.
- YOUEMTO Michel qui m’offrait une montre bracelet et un prix préférentiel sur une bicyclette raleih qu’il m’avait vendue.
- WAFO GNOTUO, mon arrière grand-père qui m’autorisa à chaque passage chez lui, à Hiala surtout le jour du marché, à couper autant de cannes à sucre que je désirais et donc les fruits de la revente me permettaient de subvenir à mes petits besoins scolaires ; ce fut quand j’était écolier à Pète.
- Le Rév. Père AIRIAUT de l’école St Jean Bosco de Douala qui m’engagea comme enseignant en 1956 pour l’école Notre – Dame.
- Les parents d’élèves de Bandjoun, particulièrement ceux de Hock qui m’avaient réservé un très bon accueil et surtout, suivaient les conseils que je leur donnais à savoir : envoyer leurs enfants à l’école.
- KAMGA Antoine, ancien adjoint au maire et KAPTUE Emmanuel, tous enseignants qui m’encadraient et me donnaient sans réserve des conseils sollicités relatifs à mes études par correspondance.
- La SœurANITA, Directrice de l’école Notre-Dame pour ses excellentes relations pédagogiques, dont malgré tout, FOSSI avait trouvé mieux ailleurs et dut s’en aller par la suite.
Avant d’arriver à Douala en 1956, FOSSI s’était auparavant inscrit à l’école pratique de commerce LONS – LE – SAUMIER JURA en France par correspondance.
- FOTSO Pascal, époux de la sœur aînée MAPE Françoise, père de FOTSO WAFO Antoine.
- KAMGA Ferdinand
- MOUAFO Gabriel, ancien gouverneur
4.7 – La formation continue de FOSSI Antoine
Qui perd à droite gagne à gauche ! Au persévérant gloire et succès au bout du tunnel ! Dit FOSSI. Il regrette à peine la bavure scolaire de 1952 après le C.E.P.E. Une bonne banane, même jetée dans l’eau mûrit toujours. Dit – il. FOSSI justifie cet adage par ses diplômes de commerce, de l’AFCA et le CAP obtenus après. Qui cherche, persévère trouve, quand on aime bien et fais bien ce qu’on fait, on y est élite car, tout acte a sa place dans la vie dit FOSSI.
Inscrit aux cours par correspondance pendant qu’il était encore à Bandjoun, il obtint en 1956 le diplôme de commerce de l’Ecole Pratique de Commerce LONS-LE-SAUMIER JURA en France. Puis en 1958, il fut présenté lauréat du CAP (Certificat d’Aptitude Professionnel) en comptabilité au centre d’études commerciales et financières de Douala avant son entrée à la société Renault Cameroun en 1959. Il termina cette formation continue en 1967 avec le diplôme de l’AFCA (Association pour la Formation des Cadres en Afrique) établie à Douala.
4.8 – FOSSI Antoine de l’Instituteur au vendeur
La société Renault Cameroun, l’une des entreprises françaises très prisées du pays à l’époque avait lancé un appel à candidature pour la dynamisation et le développement de sa force de vente au Cameroun et dans la sous-région.
FOSSI Antoine au courant de l’annonce décida de postuler. Bénéficiant de son expérience en contact humain tel que le travail d’instituteur, chef des chants à l’école catholique de Pète et de Hock, coordinateur du défilé des écoles catholiques de Bandjoun aux fêtes de 14 Juillet à Bafoussam, animateur du défilé lors des cérémonies marquant l’anniversaire de la fête de St Joseph au roi à la chefferie de Bandjoun peu avant son départ pour Douala – FOSSI Antoine domina tous ses concurrents au test et fut recruté comme prospecteur, c'est-à-dire chercher clients acheteurs de voiture pour la prestigieuse société Renault CEAC (Compagnie d’Exploitation Automobile au Cameroun), en 1959 avec un salaire de 18.000 Francs CFA par mois contre 6.000 Francs CFA à Notre-Dame et 2.000 francs CFA auparavant à Pète et à Hock de Bandjoun. Rappelons en passant que les trois salaires en euro peuvent s’établir ainsi, sur la base de 1€ = 660 F CFA, soit : * à Bandjoun : 2.000 F CFA / mois = 3,03 euros
6.000 FCFA / mois = 9,09 euros
* à Douala : 18.000 F CFA / mois = 27.27 euros
La maturité atteinte, la vie de FOSSI change de donnée. L’horizon commence à s’approcher. Dit – il.
5 – ENTREE DE FOSSI A LA RENAULT CEAC CAMEROUN
Dix huit (18) ans durant (1959 – 1977), FOSSI gravit de nombreuses échelles. Après son entrée comme prospecteur, il accéda successivement aux postes de aide-vendeur, vendeur, vendeur itinérant, chef d’agence après une formation de quelques mois à l’usine mère Renault à Billancourt en France.
Ce qui avait le plus caractérisé la vie professionnelle à la Renault Cameroun, fut la politique incitatrice et motivatrice élaborée pour les vendeurs. En effet, la rémunération de ces derniers pesait beaucoup du côté des commissions sur vente. Ceci poussait chaque acteur à se surpasser sur le terrain pour accroître ses revenus car les commissions, par voiture variaient entre véhicule particulier (VP) 6 à 10.000 F CFA l’unité ; véhicule industriel (VI) à l’unité 10 à 20 000 F CFA. Il fallait se battre sur un terrain pas facile.
La course aux titres était oubliée en faveur de celle aux revenus, même si ce dernier volet ne fut pas abandonné par la société Renault, ce qui justifie l’accession aux différents grades que nous avons relevés plus haut ; prospecteur aide vendeur vendeur vendeur itinérant chef d’agence. Il faut le faire ! Il faut l’être ! Car avec volonté et moyens, rien d’impossible. Précise FOSSI.
A côtoyer les grands, on peut devenir aussi grand.
La qualité du vendeur itinérant permettait à FOSSI Antoine d’étendre son champ d’action, l’un des avantages inestimables : contact avec les grands, les gens capables : les relations humaines que j’ai exploitées au cours de ma vie professionnelle et sociale d’abord au Cameroun puis dans la sous - région, notamment au Tchad et en République Centrafricaine. Ce fut une expérience internationale pour FOSSI dans le domaine commercial, culturel, relationnel.
Le célibat facilitait la perdition transafricaine à FOSSI Antoine. Mais en 1962, tout changea. L’ère d’un autre monde s’ouvre.
5.1 – Le mariage de FOSSI Antoine
Insaisissable par le passé, le mariage de FOSSI en 1962 avec une certaine mignonne fille MAWABO Françoise le stabilisa. Et ce fut dans cet élan qu’en 1963, la Renault lui confia le secteur commercial du Cameroun occidental couvrant les départements Sud-Ouest et Ouest avec résidence à Victoria (aujourd’hui Limbé). FOSSI y passa onze bonnes années.
Parlons un peu de ce mariage. Ce fut des bénis de Dieu. Car en 10 ans, Dieu leur gratifia respectivement : FOSSI WAFO John Michael ; FOSSI MANESSI Nathalie Pascale ; FOSSI Alain de Rameaux ; FOSSI GUIFO Clément : FOSSI MAYOT Laure Patricia ; FOSSI MOKO Carine.
5.2 – FOSSI au West - Cameroun
Un matin, comme d’habitude, FOSSI dépose son véhicule de marque Renault 16 confort dans la cour Renault Koumassi et entra. Après le rapport quotidien d’activités journalières, Monsieur RIGOREAU, son chef de service commercial annonce : « Monsieur FOSSI, le Directeur Général vous veut. Monsieur Peire, qui était un homme géant, imposant, craint de tous, même des blancs de la société. Dire qu’il veut vous voir !! Frémissement !! 18 heures.
Sa secrétaire très surprise d’entendre que FOSSI veut voir le grand patron, le fait asseoir, puis le fait annoncer. Quelques minutes après, sonnerie ! La porte s’ouvre, donnant accès à un grand et large bureau aux fauteuils et chaises en cuir couleur chocolat, tous importés. FOSSI n’avait pas fini de dire bonsoir Monsieur le Directeur Général qu’il se leva, le salua et le fit asseoir au petit salon d’à côté où, il lui tendit une lettre. C’était la décision d’affectation au West Cameroon anglophone. Suivie quelques paroles de remerciements, de félicitations, d’encouragements et conseils pour son nouveau poste, puis il l’accompagne jusqu’au couloir.
Ce fut une bombe, tant pour lui, que pour ses chefs et collègues. La nouvelle alla s’emplifiant aussi dans la famille qu’aux connaissances.
West – Cameroun (Victoria), y aller ! Il fallait Douala – Loum – Kumba – Mutenguené – Victoria.La route actuelle : Douala – Tiko n’existait pas.
Aller loin nécessite une préparation, une prévention minutieuse – le nécessaire arrangé, FOSSI quitte Deïdo à Douala, un matin, sous l’œil inquiet de son épouse, destination Victoria où toutes structures d’accueil pour un cadre de haut niveau étaient bien mises au point auparavant.
FOSSI découvra une autre vie, d’autres mœurs, d’autres façons, d’autres habitudes culturelles, un autre cadre où, il fut agréablement accueilli et vite adapté : conduite à gauche, culte de rang social, senior service – amélioration au jour le jour de son anglais parlé…
Victoria, aujourd’hui Limbé est une coquette ville portuaire dont le chef lieu est Buéa, située au pied du Mont - Cameroun, la Direction de CDC, le zo – le jardin botanique ; de magnifiques hôtels, de gigantesques vagues de la mer, un port profond, de respectables établissements scolaires font la fierté de cette ville touristique.
Logé au chic quartier résidentiel, FOSSI fut rejoint par sa femme Francisca. Les camerounais de l’Est Cameroun déjà installés depuis, tels : YONGOUETH Dieudonné représentant de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Cameroun, NJIKE ABENEGO, Directeur d’agence de la BEAC, KAMGA Chamberlain, Ingénieur en bâtiment et beaucoup d’autres se sont réjouis de l’arrivée de FOSSI.
Par son hospitalité habituelle, FOSSI reçoit en week-end chez lui, tous les étudiants d’origine Cameroun oriental tels : TATCHUM Jean Pierre, ENAM ENAM et beaucoup d’autres. La majorité de ces étudiants de l’Est ou de l’Ouest Cameroun occupent, aujourd’hui, de grandes
fonctions dans l’administration ou des dirigeants d’entreprises. Ils témoignent à l’égard de FOSSI une grande reconnaissance les fruits des bienfaits dans la jeunesse se récoltent au 3ème âge.
Quelques mois après, le graphique des objectifs prévus montait de façon vertigineuse de telle sorte que la Direction Générale Renault Douala envoya deux collaborateurs français à l’agence CEAC de Victoria en appui aux loyaux efforts de FOSSI.
5.3 -Le retour de FOSSI Antoine à Douala en 1974
Bien entraîné, l’oiselet vole de ses propres ailes.
Notre vendeur revint à Douala avec ses petites idées dans la tête : s’apprêter pour s’installer à son propre compte dans les affaires. Entre temps, FOSSI, adjoint au Délégué du personnel à la Renault CEAC a été promu assesseur à la Cour d’Appel de Douala en 1975 (Chambre Sociale). Les relations ouvrent encore ses portes. Il prêtait serment au Tribunal de Douala avec les camarades. L’enthousiasme est naturellement au ralenti le phare code doit changer en phare lumière. Le cœur de FOSSI est ailleurs. Un autre horizon se pointe.
5.3 – Et ce qui devait arriver arriva :1977 ! FOSSI quitte la Renault
S’il fut vrai que FOSSI Antoine devrait toujours quitter la société Renault Cameroun avant l’âge de retraite, l’inconnu restait la date. Ce départ qui se préparait sans ombre aucune au vu et au su de ses patrons qui l’aimaient tant se caractérisait par un certain nombre d’indices, notamment l’obsession de FOSSI à investir. En effet, l’un de ses responsables en l’occurrence le français chef comptable se portant garant de l’achat à crédit des équipements complets pour une boulangerie pendant que FOSSI était toujours en service. Les relations encore ont joué et voilà FOSSI chez Pavailler à Nice, en France, pour formalités du contrat effectif d’achat.
C’est donc dans une atmosphère bien huilée, informellement bien préparée que FOSSI Antoine quitte la société Renault Cameroun. L’ambiance de séparation longuement préparée et acceptée sous silence trahit par certains de ses responsables hiérarchiques les ambitions d’entreprenariat de FOSSI à qui son patron et la Renault toute entière adressèrent leurs vœux de succès et de réussite pour tout ce qu’il entreprendra. Une réception d’adieu en l’honneur de son départ, selon qu’on soit à droite ou à gauche, eut lieu dans la vaste cour de Renault CEAC à Douala Koumassi.
6 – FOSSI Antoine, DE L’EMPLOYE A L’EMPLOYEUR, SANS TRANSITION
Le cas de FOSSI confirme l’adage « le destin l’avait choisi et son dynamisme fait le reste ». Dès le bas âge, alors qu’il accompagnait son père au marché avec son bétail, l’esprit des affaires planait sur lui, d’autant plus que son père exerçait le métier de courtier tous les jours de marché sous ses yeux.
FOSSI nous apprend comment son père se plaçait stratégiquement à l’une des entrées principales des grands marchés pour y exercer son courtage.
En effet, dit FOSSI, son père ciblait certains porcs, chèvres et moutons qu’il retenait, en fixant le prix avec le vendeur avant d’aller chercher un acheteur qui venait voir l’animal, puis décida. Mon père et l’acheteur présumé déclare FOSSI, retournèrent ensemble pour le paiement du
prix à l’abri de tout intrus…. Et c’est alors que mon père revint régler à son tour le vendeur qui céda la propriété de la bête à l’acheteur final.
Ces scénarios se reprennent et meublèrent ainsi la journée commerciale de notre bien aimé papa WAFO Téchiopjiéh, père d’Antoine FOSSI.
Ainsi donc, de l’apprentissage naturel des affaires par « l’observation, la fabrication des tabourets et autres petits mobiliers de maison, la vente de cannes à sucre, les métiers d’instituteur chez les jésuites à Pète, à Hock et à Douala – de vendeur à la Renault Cameroun à Douala et à Victoria (actuelle ville de Limbé) à son départ de cette dernière entreprise, FOSSI s’était suffisamment frotté aux expériences de la vie pour pouvoir voler de ses propres ailes avec le maximum de chance de succès car, qui ne risque pas n’a rien.
Naquirent dans cette lancée une floraison d’idées et d’initiatives tous azimuts pour FOSSI Antoine.
6.1 – La boulangerie, métier d’essai de FOSSI
En réalité, l’essai sus évoqué est anachronique, car il commença et se conclue bien avant le départ de FOSSI de la Renault en 1977 grâce à la détermination de Françoise FOSSI son épouse qui géra en second de mains de fer, la boulangerie et le commerce d’importation de FOSSI. C’est ainsi que la première boulangerie vit le jour en 1974 dans le quartier Bonadibong à Douala, la 4ème de l’époque à Douala, après Boulangeries Réunies, Koupan et Zepol ; suivirent dans la même ville les boulangeries du quartier New Bell Bassa en 1977 et du marché central en 1988.
Parallèlement à l’exploitation des boulangeries, FOSSI Antoine se lança au commerce import des produits nutritionnels, notamment farine, levure, morue, tomate, jus et autres.
Le succès enregistré dans la petite entreprise marquée par les boulangeries et le commerce d’importation a permis à FOSSI Antoine de rêver « Grande Industrie ». Plusieurs projets mijotent et sautillent dans sa casserole : minoterie, robinetterie, scierie, sacs plastiques, métallurgie etc… Il lui vint à l’esprit de choisir le secteur de la métallurgie dont l’étude de faisabilité débuta en 1984. De cette étude, une société anonyme dénommée ‘’AUXILIAIRES DE BATIMENT ET DE CONSTRUCTION’’ en acronyme ‘’AUBAC’’ vit le jour en 1986 avec la collaboration et le partenariat étranger : groupe SHAH avec l’assistance assidue de JP MEHTA, Directeur Général de Camsteel Cameroun, actuellement Directeur Général P.J. MEHTA ASSOCIATES en Inde.
6.2 – La naissance de AUBAC situé dans la Zone Industrielle MAGZI
AUBAC à Bonabéri dans le 4ème Arrondissement de la Ville de Douala. Cette entreprise donna très tôt une nouvelle dimension à la vie de FOSSI Antoine ; Président Directeur Général de cette unité économique, FOSSI se frotta à toutes les péripéties de la gestion des relations humaines et de l’industrie, domaines totalement nouveaux.
A force de forger, on devient forgeron ! Il s’en sortit plutôt très bien ; ce qui suscita autour de lui de nombreuses convoitises relationnelles. Il se retrouva chaque année depuis 1986 dans les sphères les plus variées de la vie active et économique. Membre de la Chambre de Commerce, d’Industrie et l’Artisanat du Cameroun, du GICAM, Vice-président national du syndicat patronal des boulangers du Cameroun.
Doté d’ambitions à applaudir, il créa Camansteel « Cameroon Anchan Steel » - (AUBAC – ANCHAN) en partenariat avec les chinois et la S.N.I. C’était une industrie aux futurs multiples, une fonderie ayant pour matières locales ; ferrailles et voitures récupérables, industries devant employer en première année plus de 680 personnes avec un investissement de plus de trois milliards de f cfa, avec le concours financier eximbank (voir le Cameroun tribune de l’époque n°6724/3013 du jeudi 12 novembre 1998). Cette unité de grande importance pour des pays comme le Cameroun et la sous - région n’a toujours pas vu le jour suite à la bavure policière qui a ôté la vie à son fils, homme d’affaires de 30 ans, Directeur Général Adjoint AUBAC – vrai initiateur de ce gigantesque projet métallurgique.
En complément à sa connaissance et sa formation industrielle, voilà FOSSI assisté chaque année aux foires et expositions du monde tel : USA (Texas, Las Vegas, New-York), Brésil, Nigéria, R.S.A. – Japon, France (Villepinte, porte de Versailles), Maroc, Espagne, Chine, Belgique etc… où des contacts et relations d’affaires instruisent profondément.
7 – LA VIE ASSOCIATIVE DE FOSSI Antoine
Il avait été toujours bien marqué. De son passé prolétaire au galon de PDG, il a été de toutes les parties. Dominant de tout bord l’administration de AUBAC, il trouva suffisamment de temps pour partager avec tout l’univers humain qui l’entourait, toutes ses vicissitudes, car il n’y a qu’un pont fragile entre notre vie et celle d’au-delà.
7.1 – L’interface FOSSI Antoine, Dieu et la vie religieuse
Sitôt admis à la S.I.L dès son arrivée à la mission, il s’inscrit aussitôt à la catéchèse dont les séances avaient lieu 2 fois par semaine après la classe du soir. Le catéchiste TOTOUOM Chrétien, un papa d’âge avancé, enseignait la doctrine, en pidgin (faux anglais) aux enfants, réunis dans une grande salle de classe. On apprenait tout par cœur, disait – il même en chant. On ne comprenait rien. On récitait par exemple :
1.Catholic Church e guet seven sacraments. Fias one baptise, two confirmation (c'est-à-dire) : ‘’l’église catholique a sept sacrements ; premièrement baptême, 2ème confirmation etc…)
2. onceholi god lif (il y a un seul Dieu)
3. « Fo go for even, Jesus Chris pi tok for holi petro sè » (pour aller au ciel, Jésus dit à saint Pierre).
Il nous a enseigné cette petite prière à réciter tous les jours : Petit Jésus, accorde moi la grâce d’être comme toi doux et bon. Je vais être le premier à l’ouvrage comme un grand homme travailleur. Alors quand tu me verras sage, tu devras me récompenser. Ce cours de catéchisme était intéressant et très apprécié par nous les enfants à l’époque. Il y avait un petit livre de catéchisme tout en pidgin que seul le catéchiste possédait, contenant la doctrine de base élémentaire de l’église catholique. Pour recevoir le baptême, il fallait passer un examen en récitant ou en répondant devant une commission : le catéchiste et autres membres, à une série de doctrines tirées du petit livre suscité.
FOSSI fut reçu brièvement à cet examen et obtint le baptême le 15 Août à 19 h 45 minutes par le père HOPE. C’étaient joie et fête immenses dans la famille, si bien qu’on avait mangé du riz à la sauce d’arachide. Il était habillé d’une chemisette, culotte drill et tennis de couleur kaki don offert par un de ses tuteurs. On était aux anges. De la mission au quartier Djiogué, l’ambiance était de haut niveau.
- Son père revenant des champs, ajouta un condiment à la fête en donnant une calebasse de vin de raphia frais et sucré. Et voici FOSSI introduit tout petit dans le monde missionnaire. FOSSI précise bien que leur père, bien que n’étant pas chrétien, était écuméniste, car, catholiques et protestants vivaient en harmonie dans sa concession.
-La vie à la mission était des plus animées, plus mémorable. Il y avait le travail manuel qui consistait, aller à la sablerie à Tsela 10 km environ, creuser, laver et porter sur la tête, de paniers de sable ou aller à la carrière (Kouonyom) porter en petits paniers, des pierres, de rocher concassées. Toutes indisciplines : être en retard, têtutesse, manquement à un devoir, étaient punis suivant le cas et la gravité, par un certain nombres de paniers de sable ou de pierres concassées. La discipline était stricte, ferme et impardonnable. Plus grave encore, toutes ces punitions se font le jour où il n’y pas classe ; sinon le lundi matin, l’élève n’est pas admis en classe.
Le contrôle était sans pitié et impartial. Des fois, le nombre de paniers était multiple et les parents venaient au secours de leurs enfants. Les missionnaires avaient un grand jardin potager, au fin fond de la mission à ‘’Ngalè’’. C’était un terrain en partie marécageuse où serpentait de petites rivières, un endroit fertile où poussent toutes sortes de légumes et fruits : goyave, neufre, papaye, chou, betterave, carotte, piment, poivre, ail, poireau, fraise et beaucoup d’autres encore. On en trouvait de tout à la mission. Puni, c’était plutôt une joie pour un élève, que de se voir envoyer travailler dans ce petit jardin d’éden à Bandjoun. Des champs de goyavier, de papayer, de nefrier qui bordaient la mission ont cédé place aux immenses palétuviers d’aujourd’hui.
- L’actuelle chapelle Sainte-Thérèse de l’enfant Jésus est implantée là où il y avait un grand et ombrageux avocatier qui laissait souvent tomber ses fruits en faveur des enfants démunis. Des activités ! La mission en avait. On avait une équipe de football où excellaient TAMKO Marcel et un certain Bernard….. On les appelait ‘’perce-bois’’ tellement leurs tirs au but étaient foudroyants. Un gardien qui osait arrêter de ces tirs, se trouvait avec le ballon dans le filet. FOSSI était plus intéressé au service de messe. C’était noble, éducatif, respectable, plein de vertue pour l’avenir. La piété était là. Les doléances à Dieu recevaient de promptes réponses.
En rêve, on conversait avec les Saints et on se déplaçait en volant comme les oiseaux. Ah ! L’âge de l’innocence ! L’age avec les anges ! Le contact avec Dieu était direct.
La relation invisible de FOSSI Antoine et Dieu se traduit par des responsabilités qu’il assume au sein de la Communauté religieuse et des œuvres sociales qu’il réalise avec désintéressement : Fidèle chrétien - membre du Conseil Paroissial et Patriarche des ressortissants Bamiléké à la Mission Catholique St Louis de Bonabéri.
Ses produits de tôle ont couvert :
- La CathédraleSSPierre et Paul de Douala - La Cathédrale de Nkongsamba - Le majestueux palais du roi Bandjoun - La Chapelle et l’immeuble foyer St Louis de Bonabéri - Bâtiment séminaire de Japoma à Douala - La Chapelle Don Salesciens de Yaoundé - La Résidence des Sœurs de St Louis de Bonabéri à Douala - L’Eglise Presbytérienne du Cameroun (EPC) de Djiogué à Bandjoun - L’Ecole Primaire de Topo à Bandjoun - Offre d’un terrain à la Paroisse de Topo (famleng) à Bandjoun -
Mais comme amour envers Dieu en méprisant le prochain n’est pas amour, FOSSI Antoine n’oublie pas les nécessiteux. Offrir au prochain avant d’offrir à Dieu est plus méritant dit FOSSI Antoine.
7.3 – Dons aux déshérités
- Bancs à la Prison Centrale de Douala - Dons divers aux orphelins de Bonamoussadi à Douala
- Assainissement de la route à Bonabéri – Douala - Branchement électrique
- Eclairage public dans le quartier - Forage de puits au quartier Djiogué à Bandjoun
On se souvient de cette maxime «Donnez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». FOSSI Antoine n’est pas passé par quatre chemins pour l’appliquer – et c’est pourquoi sa vie politique est aussi pleine que sa vie religieuse.
7.4 – La vie politique de FOSSI
Militant du bonheur, il a connu avec détermination tour à tour, l’UC (Union Camerounaise), l’UNC (Union Nationale Camerounaise), RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais). Il a été : plusieurs fois Président de comité de base et sous section de ce grand parti, conseiller municipal RDPC de Douala IV en 2004, vice-président national du Syndicat Patronal des Boulangers du Cameroun.
L’Etat n’a pas été indifférent à l’égard des performances économiques, sociales et politiques de FOSSI Antoine. Il lui en a marqué sa reconnaissance par de nombreuses distinctions.
7.5 – FOSSI Antoine et ses décorations méritantes :
- Médaille de travail à Vermeil - Chevalier de mérite camerounais en 1969 - Chevalier de l’Ordre de la valeur en 1989 - Officier de mérite camerounais en 1994 - Commandeur de mérite camerounais en 2004.
Au-delà du périmètre national, FOSSI Antoine a connu une riche expérience dans les relations internationales.
7.6 – Les repères internationaux de FOSSI Antoine
Les voyages d’affaires, religieux et autres ont amené FOSSI Antoine dans les quatre coins du monde – ce qui lui a donné un caractère de comportement fort planétaire. Voici à titre non exhaustif quelques pays visités car dans ses recherches d’entreprise et pour se documenter industriellement, FOSSI visitait les foires d’exposition se tenant dans les villes sous citées:
- Afrique du Sud – France - Nigeria - Allemagne - Gabon - R.C.A – Belgique – Israël –Tchad Brésil – Italie – Chine - Japon - Etats – Unis – Kenya – Espagne – Maroc …
Comme si toutes les marques honorifiques qui précèdent ne suffisaient pas, FOSSI Antoine enfonce encore le clou et se trouve dans les cendres de ses ancêtres.
7.7 –FOSSI Antoine et la tradition
Après le tour du monde, FOSSI Antoine rentre au bercail. En ville comme au village, sa place au concert culturel traditionnel est réservée :
- Tadie LALI à Bandjoun – 2. Membre de Mvouop – 3. Membre de Mougo pouadjo - 4. Chef de la forte communauté Bandjoun de Bonabéri à Douala IV - 5. Notable de la cour du Roi Bandjoun au grade de Sa’ah, c’est-à-dire ‘’commandeur’’ dans l’organisation sociale bamiléké dont FOSSI est originaire.
Quelques prières usuelles, circonstancielles
Vœux et promesses de FOSSI Antoine fait à Dieu en 1952
- Tous les matins : courte prière, invocation à la Sainte Trinité, Sainte Vierge Marie – Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, (Sainte qui, Antoine FOSSI a confié sa vie de sorte qu’au dernier jour de quitter ce monde, Sainte-Thérèse à l’encadre pour son entrée au royaume de la Sainte Trinité) – SS Pierre et Paul – St Antoine de Padou – Communauté des saints – ses parents décédés – aux âmes du purgatoire - Offrir actes de la journée au Saint Esprit - Effort à servir et pas se servir
Doléances de 1952
- Dieu Tout-puissant, si vous me placez devant, donnez-moi les moyens de tenir bon,
- Faites de moi, ni pauvre, ni riche. Faites que je ne puisse manquer à faire la quête du
dimanche.
- Prononcer le nom de : Dieu – Christ, Esprit Saint et quelques saints (es) au moins 2 fois
tous les jours de ma vie - Assister la messe tous les dimanches si possible
- Contrat avec Ste Thérèse : Au dernier jour de ma vie, tenir ma main pour entrer au ciel
- Permettre à faire plus de dons. - Servir au lieu de se servir - M’aider à aider les démunis
- Me faire bénir par un prêtre, un évêque ou cardinal de temps en temps
- Prier à la cathédrale SS Pierre et Paul ou autres lieux où, il y a le Saint Sacrement
- Voir face à face le Pape à Castel Gandolfo à Rome
- Prier devant le tombeau de Jésus - Visiter lieux et monuments historiques de Jérusalem
en Israël
- Recevoir un évêque, un cardinal ou les religieux à mon domicile.
- Visiter le saint sacrement au passage près d’une église avec ‘’Notre Père’’
1) – Matin au lever du lit avec Françoise : Dieu Tout –Puissant et Eternel, Toi Créateur du ciel et de la terre, du visible et de l’invisible, nous te confions notre journée, nos mouvements, nos actes, nos pensées afin que tout soit fait en ton nom. Puisse l’Esprit Saint être avec nous, nous diriger, nous conduire, nous protéger tout au long de la journée.
Chants et intentions quotidiens :
1. Veni créator spiritus - 2. Magnificat - 3. woupi mama. - 4. Veille, veille sur tes enfants
5. Rendons grâce au Seigneur - 6. Léa lo, Léa lo
2) En passant devant une église : Béni soit Jésus vivant dans le très saint sacrement de l’autel
3) Devant un cimetière, un tombeau : Pardonne-leur Seigneur ! Que ta miséricorde soit sur eux. Si tu tiens rigueur, qui peut être sauvé ? Ton fils, est – il mort rien ?
4) Consécration de l’hostie : Seigneur Jésus ! Fils de Dieu Vivant. Béni sois – tu ! Puisse au dernier jour de ma vie, dans la vallée de l’ombre de la mort où je ne peux voir, ni parler, ni entendre, rappelles – toi de cet instant que je suis avec Toi. Puisse la blancheur de l’hostie balaie l’ombre devant moi et qu’une goutte de ton sang me purifie afin que je monte et entre, blanc et pur, dans ton royaume.
5) Le prêtre conduit le calice au tabernacle : Chant : qu’ils sont heureux Grand Dieu, tes tabernacles ! Heureux séjours, asile de mon cœur. Là tu te plais à rendre tes oracles, la foi triomphe et l’amour est vainqueur (bis).
6) Devant le tombeau de ses parents : Notre père qui es aux cieux... - Seigneur Dieu, aies pitié de mon père, de ma mère, de leurs enfants…, pardonnes leurs fautes par ton Fils, le Christ : que Ta miséricorde les lave afin qu’ils soient avec les saints qui t’adorent. Papa, maman…., que vos âmes et celles de vos enfants reposent en paix auprès du Seigneur et qu’avec les saints, vous priez pour moi afin que Dieu soit avec moi pour continuer à être au service de tous.
8 – CONCLUSION
Qu’y a – t – il lieu de retenir dans la biographie de cet homme au parcours extraordinaire et providentiel? Quelle leçon peut-on en tirer?
La vie de FOSSI Antoine ressemble à une figure géométriquement tracée. On dirait même un conte plein d’exemples pour les jeunes, tellement il n’est pas facile de comprendre que la vie d’une personne puisse se dérouler avec tant d’harmonie, de passion, de variante, de succès, d’amour, de générosité, de sympathie, de foi en la religion et de confiance à la politique.
L’ardeur au travail de FOSSI Antoine, sa détermination et son ouverture à tout vent ont fait de lui un exemple du cas pratique de lutte contre la pauvreté et les péchés capitaux.
De l’instituteur à l’industriel, il faut une dose d’initiatives, de courage, de perspicacité, de persévérance, d’humanisme, d’humilité.
Cher lecteur ! Merci d’accepter consacrer un peu de votre précieux temps à parcourir brièvement la vie d’un débrouillard qui, petit à petit, a fait évoluer avec courage, sa connaissance et ses relations pour sa vie et celle de beaucoup d’autres.
Puisse cela être utile à l’un des vôtres.
HUMBLEMENT
Antoine Fossi